Verdi-Garandieu

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EXORCISME DU 5 AVRIL 1978

Exorciste: Père Ernest Fischer, ancien missionnaire, Gossau (Saint-Gall - Suisse).

Démon : Verdi-Garandieu, démon humain.

Message aux prêtres

Exhortations à revenir à la vie de l'Evangile

L'Abbé Verdi-Garandieu, démon humain, prêtre du diocèse de Tarbes au XVIIème siècle, adresse, par l'entremise de la possédée, ce message pathétique à ses frères dans le Sacerdoce, pour les adjurer - sur l'ordre de la Très Sainte Trinité et de la Vierge Marie - de reprendre la voie étroite de l'Evangile, et leur éviter ainsi de subir à leur tour dans l'Enfer éternel, le sort horrible qui est devenu le sien, à raison de ses infidélités à la grâce.

A la suite de l'exorcisme de Léon XIII, utilisé, dans le cas présent, par le P. Fischer, furent prononcées de nombreuses invocations, dont celle de Saint Vincent Ferrier, le grand missionnaire dominicain espagnol du XIVème - XVème siècle ; il parcourut l'Espagne, l'Italie, la Suisse et la France, où il mourut à Vannes en 1419. Il fut redoutable au démon, auquel il arracha beaucoup d'âmes, par sa vie d'amour et de pénitence, et ses prédications enflammées.

En somme: Saint Vincent Ferrier, un modèle à imiter ; l'Abbé Verdi-Garandieu, un exemple à ne pas suivre.

Le démon va parler pendant près de deux heures et demie d'affilée. Nous reproduisons ici le texte de ses adjurations, sur l'ordre du Ciel, aux prêtres de notre temps.

(Verdi-Garandieu, après avoir fait remarquer que, lui aussi, est devenu «un démon parmi les démons», se met aussitôt à crier, en disant) : Quelle sottise j'ai faite de ne pas correspondre à la grâce, de mener la vie que j'ai menée !

(Puis, en poussant des cris lamentables, il s'écrie, faisant se dresser la possédée) : Pourquoi me suis-je laissé aller ainsi, mais pourquoi ? Pourquoi ai- je accepté de recevoir le sacerdoce, cette charge très lourde, puisque je n'étais pas capable, si je ne me mettais pas en peine de m'élever à la hauteur de ce grand idéal ? Pourquoi ai-je donné le mauvais exemple, comme le font aujourd'hui des milliers et des milliers de prêtres, en ne correspondant pas à mon sacerdoce. Pourquoi n'ai-je pas enseigné le catéchisme, comme j'aurais dû le faire ?

J'ai passé mon temps à regarder les robes des femmes plutôt qu'à observer les commandements de Dieu. En vérité, je n'étais ni chaud ni froid, j'étais tiède, et le Seigneur m'a vomi de sa bouche. Dans ma jeunesse, j'étais encore bon, j'ai encore correspondu à la grâce.

(Pendant qu'il parlait, nous avons entendu ses cris par la possédée).

C'est plus tard que je suis devenu tiède. C'est alors que je suis entré dans la voie large et facile du plaisir et que j'ai abandonné la voie étroite de la vertu, en ne correspondant plus à la grâce ; et puis, je suis tombé de plus en plus bas.

Au commencement, je me confessais encore, je voulais me convertir mais je n'ai pas réussi parce que je ne savais plus suffisamment prier. Je n'ai pas correspondu à la grâce parce que de tiède, je descendis jusqu'à devenir froid. Entre la tiédeur et le froid, il n'y a que la distance d'une pelure d'oignon. Si j'avais été chaud et ardent, je n'aurais pas connu ce destin misérable.

Si les prêtres ne se reprennent pas de nos jours, eh bien ! Ils connaîtront le même sort que moi. Actuellement, il y a dans le monde des milliers, des dizaines de milliers de prêtres qui sont comme moi, qui donnent le mauvais exemple, qui sont tièdes et qui ne correspondent plus à la grâce de Dieu. Tous, s'ils ne se convertissent pas, n'auront pas un destin meilleur que celui que j'ai eu, moi, Verdi-Garandieu.

Ah ! quel destin pour moi que l'enfer ! Si, au moins, je n'étais pas né ! Si je pouvais revivre ! Ah ! que j'aimerais retourner sur terre afin de mieux vivre ! Ah! que j'aimerais passer mes nuits et mes jours, à genoux, en prière, en invoquant le Très-Haut ! J'invoquerais Anges et Saints du Ciel, afin qu'ils m'aident à quitter le chemin de la perdition, mais je ne peux plus faire marche arrière, je suis condamné (termine-t-il d'une voix lamentable).

Hélas, les prêtres ne savent pas ce que c'est qu'être condamné à l'enfer et ce qu'est l'enfer. Actuellement, presque tous, sur la terre, suivent le chemin de moindre résistance. Ils veulent goûter aux plaisirs de la vie. Ils sont convaincus que faire de l'humanisme, comme ils disent, et être de la mentalité de son époque, est une chose qui est maintenant acquise à jamais.

Evêques, Cardinaux et Abbés ne donnent pas un meilleur exemple que celui donné par leurs subordonnés. Vivent-ils selon la simplicité que le Christ pratiquait dans ses repas et dans sa table ? Comme dit l'Evangile, Jésus-Christ a, certes, participé à des banquets, invité par tel ou tel, mais, à ces repas, il ne mangeait pas beaucoup. Et s'il a un peu mangé au cours de ces banquets, il faut bien souligner que bien des fois, il a préféré souffrir de la faim.

La Sainte Famille et les Apôtres, aussi, ont beaucoup jeûné. Autrement, ils n'auraient pas reçu toutes les grâces dont ils ont bénéficié. Et pourtant, Jésus n'avait pas besoin d'acquérir la grâce, puisqu'il était lui-même l'Auteur de la grâce, mais il voulut donner un exemple: à ses Apôtres, bien sûr, mais aussi à tous les Cardinaux, Evêques et prêtres de tous les siècles. Mais à quoi bon, puisque de nos jours, Cardinaux, Evêques et prêtres sont à table dans un décor luxueux et goûtent des mets délicieux.

Ils vont jusqu'à gâter leur santé en poursuivant cette manière de vivre, mais ils s'imaginent que cela revient à leur position épiscopale, Cardinalice ou juridictionnelle. Pauvres cuisinières, qui s'imaginent que du fait qu'elles servent des Evêques ou des personnalités, elles doivent présenter à table des choses compliquées. Elles s'imaginent, les pauvres, que ce serait pour elles une honte de ne pas pouvoir porter tous ces mets sur la table. Elles oublient qu'ainsi, elles n'aident pas les Evêques à l'imitation du Christ, pas plus que les prêtres. Il vaudrait mieux que ces cuisinières puissent dire à ces personnalités que le Christ avait vécu et a vécu beaucoup plus simplement.

Ceux d'En-Haut (il montre en haut) tiennent à ce que soit respectée l'Imitation de Jésus-Christ ; et ce que l'on fait actuellement est tout à fait le contraire de l'Imitation de Jésus-Christ. On vit dans le raffinement, le luxe, l'abondance, jusqu'au débordement, jusqu'au péché même. Le péché, souvent, a déjà commencé par la table. On commence déjà à pécher, quand on devrait pratiquer un certain ascétisme et que l'on s'y refuse.

Le refus de l'esprit de sacrifice, c'est non pas le péché, mais la porte ouverte au péché, par laquelle il peut entrer. C'est le manque d'ascétisme qui conduit lentement au péché. Entre les deux, il n'y a qu'une pelure d'oignon. Si le prêtre ne suit pas les enseignements de l'Église, c'est nous qui venons le tirer par un bout de sa robe pour l'amener sur nos sentiers.

Pendant un moment, ce n'est qu'un petit bout de la robe que nous prenons, mais avec l'espérance de rafler tout l'habit. Pendant longtemps, j'avais bien l'intention de devenir un bon prêtre; mais il faut remarquer que les prêtres sont attaqués par nous bien plus que les laïques. Certes, les laïques sont aussi en danger, surtout ceux qui s'efforcent d'être des justes, et ceux qui ont une charge importante. Mais, comme le prêtre a une très grande puissance de bénédiction, nous attaquons de préférence le prêtre, d'abord lui.

Pour ce qui est de moi, je me rappelais que j'étais prêtre et, au début, j'exerçais mon sacerdoce avec sérieux. Et puis, avec le temps, j'ai trouvé cela monotone et, oubliant la prière, j'ai oublié aussi le célibat. J'ai supprimé la prière, d'abord parce que je me croyais très occupé, et puis, d'autres jours, je la reprenais, et puis, finalement, je l'ai complètement abandonnée. Je pensais que ces longues prières du bréviaire étaient fastidieuses, inutiles, et, finalement, j'ai perdu le goût de la prière.

Quand j'ai supprimé le bréviaire, je suis tombé dans le péché d'impureté et, dès ce moment-là, je n'avais plus de goût à dire la messe. Ce fut un enchaînement de réactions. Quand je suis tombé dans l'impureté, ce fut l'enchaînement des réactions. Je ne disais plus la messe avec piétée, du fait que je n'étais plus dans l'état de grâce. Dans cet état, la lecture de la Bible et de l'Evangile, en particulier, et aussi la vue des commandements de Dieu, m'étaient devenues un reproche.

C'était là un avertissement pour moi et, parce que je ne tenais pas compte de l'avertissement, je prenais la résolution de ne pas enseigner les enfants comme j'aurais dû les enseigner. Comment aurais-je pu leur apprendre le bien, si moi-même je ne le pratiquais pas ? Mais ceux qui, aujourd'hui, s'appellent humanistes et modernistes, savent bien cela, comme moi-même.

Comment imposeraient-ils aux laïques et aux enfants, des choses qu'ils ne croient pas et qu'ils ne pratiquent pas eux-mêmes ? Comment pourraient-ils supporter de les enseigner comme ils devraient, sachant que leur enseignement ne correspond pas à leur intérieur, et qu'ils diraient alors d'énormes mensonges ? Chez beaucoup, avec le temps, le cœur est devenu comme un abîme de mort. Il y en a beaucoup plus qu'on ne pense qui se trouvent dans cet état. Ce sont des pommes pourries; comment une pomme pourrie pourrait-elle donner une bonne odeur ? Il n'y a qu'un prêtre qui s'efforce à la vertu qui puisse toucher les âmes et leur donner ce dont elles ont besoin.

Si les prêtres donnaient un exemple de vertu, en particulier aux jeunes, nous aurions un monde tout à fait différent de celui que nous connaissons. Vous auriez un monde mille fois mieux, et davantage, que celui que vous avez actuellement. Comment voulez-vous répandre le bien, si vous ne l'avez pas en vous ? Comment parler de l'Esprit-Saint, si je suis heureux moi-même de ne pas L'écouter? Comment présenter le chemin à suivre, quand soi-même on l'a quitté? C'est d'un tragique beaucoup plus profond que vous ne pouvez l'imaginer.

Le tragique, c'est que c'est au moment où le prêtre quitte le chemin de la vertu, qu'il est tenté d'entraîner beaucoup d'âmes à sa suite.

Cela commence par le Saint Sacrifice de la Messe, que, du commencement à la fin, on dit sans goût. Par conséquent, on n'en bénéficie pas soi-même. En tout cas, pour moi il en a été ainsi, et je conçus une aversion pour la messe et ses textes sacrés qui sont, pour quelqu'un qui se tient mal, un reproche permanent.

Pour ce qui est de moi, comme pour des milliers d'autres prêtres, il y avait au moins la transsubstantiation, ce qui permettait aux fidèles d'assister vraiment à la messe, parce que ces gens ne peuvent pas connaître le fond du cœur d'un prêtre ; mais malheur aux prêtres qui ne disent plus ce qu'ils doivent dire pour assurer la messe, et qui n'en vivent plus.

Malheur à qui conduit les fidèles sur le chemin de l'erreur. Ils feraient mieux, ces prêtres, de crier du haut de la chaire, en public : «J'ai péché, je ne suis plus capable de pratiquer la vertu. Priez pour moi, que je puisse me convertir et, de nouveau, enseigner les voies de la vertu». Ce serait beaucoup mieux de parler ainsi, et nous n'aurions plus, nous les démons, cette puissance pour dominer ces prêtres, parce qu'ils auraient fait un acte d'humilité.

Même si quelques-uns devaient concevoir du mépris pour un prêtre qui parlerait ainsi, la plupart de ceux qui l'entendraient seraient édifiés de son humilité et pourraient l'aider à se reprendre. La plupart des fidèles auraient de l'estime pour un prêtre qui s'exprimerait de cette manière; ce serait beaucoup mieux que de continuer dans la voie du mensonge et de l'hypocrisie.

A quoi cela sert-il de célébrer la messe face au peuple, et de dire aux gens : «Approchez ! Dieu vous pardonne tous vos péchés, Il vous comprend. Approchez du Père des lumières; et si vous êtes dans les ténèbres, il vous remettra de nouveau dans la grâce». Tous ceux-là oublient qu'il faut faire quelque chose auparavant, afin que le Père vous reprenne dans ses bras et vous remette dans sa grâce.

C'est vrai que le Père reprend ses enfants dans ses bras, mais auparavant, il faut le repentir et la promesse de changer de direction de vie. Il faut éviter les chemins qui mènent à la perdition.

Le prêtre doit penser: «Je dois commencer par moi-même. Ce serait le seul moyen d'être le modèle pour chacun, et de pouvoir prêcher l'enseignement de l'Esprit-Saint et de Jésus-Christ à toute la communauté. Telle serait aussi la mission que le Très-Haut estime que je dois prêcher et remplir auprès du peuple».

On parle beaucoup trop de l'amour du prochain, en oubliant que cet amour résulte de l'amour qu'on a pour Dieu. Comment peut-on parler d'aimer le prochain, de se rapprocher les uns des autres, si l'on oublie le premier commandement, le commandement principal: «Tu dois aimer Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces» ? La prescription d'aimer le prochain ne vient qu'en second lieu.

Si le prêtre faisait d'abord la paix avec Ceux d'En-Haut (il montre en haut), l'amour du prochain découlerait tout de suite. C'est de la mascarade franc- maçonnique que de dire : «Il faut nous aimer les uns les autres, nous aider les uns les autres, nous soutenir les uns les autres». Mais où tout cela finit-il ? Même si on parle de charité, ou bien de pardonner, ou de se soutenir, voyez le résultat, ne serait-ce que le chiffre des suicides actuels.

C'est vrai que c'est un commandement d'aimer le prochain comme soi-même, mais cela vient après celui d'honorer et d'adorer Dieu d'abord. Il faut commencer au commencement même de ce commandement, et d'abord aimer Dieu, ce qui inclut vraiment l'amour du prochain. C'est dans la première partie que se trouve l'entier commandement. Si l'on aimait vraiment Dieu, on ne parlerait pas sans cesse d'aimer le prochain, de le soutenir, de l'aider.

Mais rien de pareil n'a lieu. On bavarde tout le temps, dans les salles de paroisses, les conférences des Evêques et jusqu'à Rome. On bavarde, on discute, on fixe, on efface, on veut tout recevoir d'une manière que Ceux d'En- Haut (il montre en haut) n'acceptent pas.

Ceux d'En-Haut (il montre en haut) ne sont pas seulement la miséricorde, ils sont aussi la justice, et j'en sais quelque chose, moi, Verdi-Garandieu. Si j'avais exercé la vertu, prié, fait pénitence, je ne l'aurais pas appris sur mon dos, comme je le sais maintenant. J'aurais dû demander des croix, pour aider mes brebis à se sanctifier, et me sanctifier moi-même; mais tout cela, j'ai oublié de le demander.

De nos jours, la plupart des prêtres oublient qu'il faut pratiquer le chemin de la croix, se sacrifier, prier pour les autres, s'oublier soi-même. Il faudrait crier, de nos jours, du haut des chaires, à nos fidèles, qu'ils fassent pénitence pour réparer et tirer de la boue tous ceux qui s'y vautrent actuellement. Ce serait une manière de pratiquer la charité dans la vérité.

Tout cela, certes, a son importance, mais tout cela sombre dans la poussière, d'autant plus que Dieu lui-même nous a promis de nous donner ce dont nous avons besoin pour vivre, surtout à notre époque où les choses matérielles sont distribuées dans une organisation remarquable. C'est pourquoi elles ne doivent pas être le but de notre charité mais le moyen qui nous permette d'accéder à l'autre, celle de Dieu.

Bien sûr, il faut aider celui qui est dans la nécessité, mais de là à exagérer au point d'écarter le devoir envers Dieu, c'est trop. On devrait plutôt se préoccuper du haut de la chaire d'amener les fidèles: à prier pour tel ou tel qui se trouve en grande difficulté spirituelle, et donc en grand danger; à demander qu'on allume un cierge bénit, ou à se servir de la croix, de la croix des morts et de l'eau bénite, sans oublier le chapelet, pour apporter de loin un secours à cette personne.

Tout cela apporte des bénédictions, même quand c'est fait par des laïques ; cela se fait dans la discrétion et le silence. Et nous, dans l'affaire, nous devons céder devant cela.

On devrait rappeler aux hommes, du haut de la chaire, qu'il faut prendre la religion au sérieux, se dévouer les uns pour les autres, afin d'entretenir la persévérance dans le cœur de chacun, et maintenir ainsi les hommes dans le chemin de la vertu.

Aux laïques, on devrait aussi dire qu'il faut prier pour les membres du clergé et pour toutes ses responsabilités, afin qu'il se conserve dans le service de Dieu et qu'il ne tombe pas dans les embûches du démon. Il faut prier pour que les prêtres dirigent bien les fidèles. Je suis prêtre, moi aussi, et c'est pour cela que je souffre terriblement, du fait de mon caractère sacré, dans l'enfer.

Les prêtres, du haut de la chaire, devraient aussi beaucoup inviter les fidèles à prier pour eux-mêmes, parce qu'ils devraient faire savoir aux fidèles que les démons les attaquent bien plus fort qu'ils ne croient. Ils doivent prier pour les prêtres, afin qu'ils puissent persévérer dans leur ministère et dans la bonne direction, jusqu'à l'heure de leur mort. Il faut aussi que les laïques prient les uns pour les autres, afin qu'ils se maintiennent dans le chemin de la vertu et, en tout cas, du bien; pas seulement occasionnellement, mais régulièrement.

C'est le tragique de milliers et de milliers de prêtres et de laïques d'avoir grandi comme l'herbe tendre. Brusquement, au moment de la tentation, ils sont piétinés par le démon, comme Jésus-Christ nous le fait remarquer dans l'Evangile : parce qu'ils manquent ou de soleil ou d'eau, ou que le soleil les a brûlés. Ceci, d'autant plus que les laïques sont, de nos jours, détournés de la voie droite par les prêtres eux-mêmes, qui leur disent que ce qui se faisait précédemment est aujourd'hui mis au rencart. Parmi eux tous (prêtres et laïques), il y en avait qui pratiquaient une grande vertu, puis, brusquement, ils ont sombré, parce qu'ils n'étaient pas suffisamment enracinés dans la terre, dans la bonne terre.

C'est moi qui vous le dis, Verdi-Garandieu, il faut toujours prier pour que prêtres et laïques se maintiennent dans la persévérance. Il faut savoir dire, en particulier par les prêtres; du haut de la chaire, que la prière en vue de la persévérance est, de nos jours, de plus en plus nécessaire. Il faut rappeler que la persévérance sur le chemin de la croix, c'est la loi du bonheur, parce que celui qui sait supporter (les épreuves), se place sur le chemin du Ciel.

Particulièrement, il faut dire aux gens qui sont pauvres, qu'ils doivent être contents de supporter leur infortune, parce que c'est par la suite qu'ils seront profondément heureux dans les cieux. Même si les pauvres ont à supporter (des privations), ils sont tout de même très loin des jeûnes et des sacrifices acceptés, par exemple, par le Curé d'Ars et d'autres grands saints, jusqu'à l'extrême limite de leur vie. Il faut dire aux pauvres qu'ils doivent remercier le Seigneur du sort dans lequel Il les a placés, parce que cette pauvreté acceptée peut les aider davantage à imiter Jésus-Christ.

Remerciez le Bon Dieu, parce que, selon le sort de pauvreté que vous avez, vous avez beaucoup moins de temps aussi où vous pourriez succomber à la tentation, puisqu'il vous faut toujours travailler. Ceux qui sont dotés d'une famille nombreuse et qui, par conséquent, ont beaucoup à faire pour les éduquer et pour les nourrir, doivent remercier trois fois par jour le Bon Dieu, parce qu'ainsi ils ont toute possibilité d'échapper aux plaisirs de ce monde et de mieux se préparer pour le royaume des cieux, où leur place est réservée.

Quand, dans des familles, arrive le quatrième enfant, alors c'est un drame, et pour l'entourage et pour la famille elle-même. Que faire ? Ce qui est vrai du quatrième est aussi vrai quelquefois du second ou du troisième ; et, malheureusement, les prêtres entrent dans un esprit de compréhension devant ces plaintes et acceptent que ces fidèles se servent de la pilule pour éviter l'enfant. Les fidèles ne se rendent pas compte du danger dans lequel ils se mettent parce que, entre la prise de la pilule (faute déjà grave) et l'avortement (faute encore plus grave), la distance est courte.

L'avortement est un meurtre et, par conséquent, un très grave péché. De nos jours, on ne veut plus tenir pour vrai, ce qui a été cru des milliers et des milliers de siècles auparavant. Alors, même si Dieu ne punit pas directement l'onanisme, comme il a puni le crime d'Onan, notre Dieu considère les moyens anticonceptionnels comme aussi graves que ce qui s'est fait. Vous imaginez alors ce qu'Il peut penser de l'avortement ! Parce que tous ces méfaits sont contraires au Plan du Salut pensé par Dieu.

Ainsi donc, moi, Verdi-Garandieu, je me vois dans l'obligation de dire à tous, Evêques, Cardinaux et prêtres, qu'ils doivent, du haut de la chaire, crier - quoi donc ? - «Suivez la voie du Seigneur, parce que là où se trouvent le renoncement et le sacrifice, là aussi est la possibilité de la grâce».

Là où il n'y a ni sacrifice ni renoncement, il n'y a pas de grâce possible. Et là où il n'y a ni renoncement ni sacrifice, le moindre petit trou nous offre la possibilité de devenir très facilement les maîtres, avec notre astuce. Ce petit trou nous suffit pour renverser toute la maison, ce qui est le cas dé toutes vos Églises actuellement.

Il faut donner de nouveau des missions au peuple et lui prêcher, non pas depuis l'ambon, mais depuis la chaire, comme nous l'avons déjà dit auparavant. Il y a même des Églises où il faut descendre à l'autel plutôt que de monter, et, du coup, les gens sont distraits parce que leur regard n'est plus dirigé vers le haut mais vers les distractions que procure le bas, et même le très bas, jusque chez nous. On devrait remettre en vigueur ces missions populaires, parce que, lorsque le chemin de la vertu est proposé ainsi, c'est une pluie de grâces qui est offerte au peuple.

L'influence d'un prêtre qui vit selon les lois du Seigneur est énorme, c'est celle que l'on peut noter dans la vie du Curé d'Ars. Le Curé d'Ars n'a pas sauvé les âmes en courant les voyages, en mangeant à une très bonne table, en assistant à toutes sortes de conférences, mais en restant dans sa chambre et devant le Très Saint-Sacrement, ce que j'aurais dû d'ailleurs faire moi-même, Verdi-Garandieu. Au lieu de cela, j'ai négligé mes devoirs pastoraux devant toute ma paroisse et je l'ai conduite de cette manière, dans cette voie. A notre époque, il faudrait des milliers et des milliers de curés d'Ars et, s'ils n'existent pas encore, il faudrait songer à l'imiter, cet homme.

Voilà ce que moi, Verdi-Garandieu, je suis obligé de dire : c'est que les prêtres doivent éviter le contact habituel des femmes et doivent réciter le bréviaire complet. En réalité si les prêtres ne disent pas le bréviaire, ils se trouvent en très grand danger de succomber à la tentation ; par contre, s'ils le récitent, c'est le Très-Haut qui les aide à la surmonter, parce que les prêtres sont soumis à de grosses tentations à ce sujet. Il est à remarquer que, même lorsque le prêtre tombe dans le péché et, malgré cela, récite son bréviaire, le Très-Haut lui donne la possibilité de continuer son ministère et d'être un instrument profitable pour les fidèles.

Il faut dire à tous ceux qui subissent de grosses difficultés, qu'ils doivent persévérer dans l'espérance du Seigneur, parce que le Seigneur aime à éprouver ceux qui L'aiment, à une époque surtout où les moyens financiers permettent aux gens de se parer contre la souffrance et contre l'épreuve. Il faut souvent répéter, du haut de la chaire, qu'ils doivent se confier d'abord dans le Seigneur, pour pouvoir lutter contre leurs épreuves et les supporter.

Actuellement, il faut beaucoup insister sur ce point, parce que ces moyens financiers sont une occasion de faiblesse, surtout dans les communautés paroissiales, et parce que la vie facile et de plaisir (ou : de laisser-aller) des prêtres, et même des Evêques, n'amène pas de cette manière à l'imitation de Jésus-Christ, mais bien plutôt à la perdition des âmes.

Comment l'Esprit-Saint pourrait-il intervenir dans les âmes, si le prêtre développe des voies de facilité, en ne donnant pas aux gens le sens du péché et en leur faisant miroiter que Dieu est miséricordieux et pardonne tout très facilement, sans que l'on soit invité au repentir et à la pratique du repentir. Il faut crier sur tous les toits que la voie de la croix est requise par le Ciel. C'est en suivant la Croix de Jésus-Christ que l'on aide le plus au salut du prochain, parce que cette pénitence, le Bon Dieu s'en sert; ou plutôt, le Bon Dieu se sert de cette pénitence pour aider au salut du prochain. Parce que si l'on réalise la première partie du commandement de Dieu, on réalise aussi la deuxième partie de ce commandement d'amour.

Est-ce pratiquer réellement l'amour à l'égard de Dieu que de célébrer la messe face au peuple, comme si elle s'adressait au peuple et non pas à Dieu? Les prêtres doivent dire leur messe de telle manière qu'on se rende compte que c'est uniquement le service de Dieu et l'honneur de Dieu qui sont recherchés par ce Sacrifice. Tout le reste n'est que complément ou supplément ; les prêtres prêchent beaucoup trop sur les choses de la vie courante; et sur l'amour du prochain, en général ou en particulier, oubliant que c'est l'amour de Dieu qui mène au véritable amour du prochain et à la vraie pratique de la charité. Cette manière de faire et d'agir permettrait, par la pratique du renoncement et de la pénitence, le salut de milliers et de milliers d'âmes, si on s'y mettait vraiment. Tant d'âmes tombent comme flocons de neige, en enfer, comme l'ont souvent rappelé les âmes privilégiées.

Si Evêques et prêtres s'obstinent à maintenir cette situation désastreuse, des milliers et des milliers d'Églises ne seront plus l'Église, ce qui commence déjà d'être, dès maintenant. Pour des milliers et des milliers de fidèles, les sermons actuels dans les Églises sont des occasions de demeurer flasques au service du Seigneur ; par conséquent, sont des instruments de mort, puisqu'ils ne conduisent pas directement au Ciel et n'y font pas songer.

Tout cela est arrivé parce que le prêtre lui-même s'est laissé aller et ne vit plus lui-même le premier commandement de l'amour de Dieu. Telle une pomme, il se présente avec le ver à l'intérieur et il n'est plus le guide, alors qu'il devrait l'être. Si les Evêques, les prêtres et les Abbés avaient vécu suivant les règles fixées par le Seigneur, vous n'auriez pas cette catastrophe que, maintenant, vous voyez à Rome. Si cela avait été, le Seigneur n'eût pas toléré qu'un autre que le Pape Paul VI pût prétendre régner sous son nom.

Cette réalité, qui d'ailleurs a percé en dehors du Vatican, est l'œuvre de la franc-maçonnerie. Mais si, partout dans le monde, des millions de fidèles s'étaient réunis autour d'exercices religieux pour prier et faire pénitence et demander en même temps au Seigneur qu'il nous sorte de cette situation, le Ciel aurait évité, n'aurait pas permis qu'arrivât cette catastrophe. Si on s'était mis à des croisades de prières, Rome serait encore Rome.

Je dois dire cela aussi: il faut que je dise à des milliers et des milliers de prêtres actuels que les femmes peuvent devenir leur perdition et cela n'arriverait pas s'ils se munissaient de la prière. Si les prêtres prenaient leur bréviaire et se nourrissaient de la doctrine des Docteurs de l'Église qui ont, par la prière, une si grande expérience de l'homme, les choses iraient différemment pour eux; tandis que, s'ils ne le font pas, ils appartiennent à ces milliers et ces milliers de prêtres qui, actuellement, vivent dans le péché mortel.

Des milliers de prêtres vivent hors de la grâce et ils ne disent plus le bréviaire, comme je faisais moi-même. Si, du moins, j'avais encore appelé à mon aide mon Ange gardien ; mais non, j'ai refusé tous les moyens qui m'auraient permis de me reprendre et, en suivant ce mode de vie, j'ai négligé, certes, d'éduquer la jeunesse; et pourtant, j'ai été beaucoup moins mauvais que ce qui se fait actuellement avec les prêtres et les jeunes. Cet avertissement devrait être une lumière pour les prêtres qui sont sur la voie de la perdition.

Autrefois, il y avait encore beaucoup de prêtres qui veillaient à leur propre sanctification, mais, aujourd'hui, ils ont adopté la voie large et en même temps, la voie de la perdition. Si l'on ne prie pas pour eux, si des âmes pénitentes ne surgissent pas pour les défendre et leur obtenir des grâces, ils sont perdus. Cela paraît incroyable, c'est tragique, mais je suis obligé de le dire, tel que c'est.

C'est d'autant plus tragique que notre Dieu n'est pas un Dieu qui ressemble à un bonhomme de sucre. Il a créé des lois, ces lois sont éternelles. Il faut leur obéir, et les fidèles ne doivent pas écouter ceux qui, dans le clergé, préconisent le changement, parce que ce n'est pas le clergé qui fixe les lois, mais le Seigneur, et ses lois demeurent éternellement. Ce n'est pas pour rien que le Seigneur a fait remarquer dans l'Evangile qu'il vaut mieux entrer borgne dans le royaume des cieux qu'avec les deux yeux en enfer.

C'est en effet par le regard que, de nos jours, le prêtre se perd de plus en plus. De nos jours, les prêtres ne mortifient pas suffisamment leur regard. Ils acceptent dans leur cœur beaucoup trop d'images qui sont une gêne pour leur vie intérieure. Ça commence à la télévision et ça se poursuit dans les œuvres paroissiales, où les femmes sont maintenant en nombre. Autrefois, les femmes dans l'Église, avaient la tête couverte. De nos jours, ça ne se fait plus. Alors, pourquoi tourner l'autel devant le peuple ? Moi, Verdi-Garandieu, je disais la messe, le dos tourné au peuple, et quand même j'ai été séduit par les femmes ; les prêtres actuels, avec la messe tournée vers le peuple, ont plus de tentations que jamais.

Ce n'est pas pour rien que le Seigneur, dans l'Evangile, a dit qu'il vaut mieux entrer borgne (dans le Royaume), ou avec une seule main et un seul pied, que de pénétrer dans le terrible tourment de l'enfer avec les deux yeux, les deux mains et les deux pieds. Les prêtres croiraient-ils que l'Evangile a perdu de sa valeur aujourd'hui et qu'ils peuvent le cuisiner à leur goût ? Croiraient-ils que le Seigneur Jésus n'a parlé que pour les hommes devant lesquels il a donné son message ? A son époque, on portait les habits longs.

Il ne vient pas à l'idée des prêtres que, peut-être, Il aurait parlé plutôt pour les gens de notre époque, où la perdition se répand de plus en plus par les moyens techniques, et où personne n'est capable d'arrêter quoi que ce soit. C'est une fournaise ardente de perdition, qui ne peut pas être éteinte par la pluie d'efforts auxquels s'astreignent un certain nombre de bons prêtres qui luttent ici et là.

Le Seigneur s'adresse toujours à la liberté de chacun. Par ailleurs, la Bible est là, l'Evangile en particulier ; et aussi tous les messages qui rappellent sans arrêt les directives que le Seigneur a fixées. Si l'on se refuse à les écouter, le Ciel n'y peut rien, surtout si l'on s'amuse à accommoder l'Evangile à son propre goût.

Si l'on jette toutes ces miséricordes au vent, que peut le Ciel ? Comment la grâce pourra-t-elle agir, si l'on ne lit plus de livres saints ou de livres de saints, par exemple la vie de Catherine Emmerich, ou bien celle du Curé d'Ars, ou même celle du Padre Pio, qui a donné un grand exemple à notre époque. Chacun de ces saints ressent le même amour pour le même sacrifice, dans le même renoncement, par amour des autres. La pénitence de ces saints a été acceptée du Très-Haut.

Celui-ci serait tout à fait prêt à accepter encore d'autres réparations, d'autres sacrifices, en vue de la conversion. Souvent, le Bon Dieu aimerait qu'on soit capable de lui dire : «J'accepte les souffrances que vous m'enverrez. Donnez- moi la grâce de les supporter, pour la conversion de celui-ci ou celui-là». Mais on constate plutôt que, lorsque le Seigneur envoie des souffrances, très souvent les chrétiens les repoussent avec horreur et de toutes leurs forces. L'homme fait trop souvent son possible pour éviter de souffrir. Ce serait aux prêtres à vivre ces façons de voir et à les prêcher aux fidèles.

Ils ne vivent pas en conformité avec le premier commandement de Dieu, tous ceux qui refusent la souffrance et ne cherchent qu'à l'éliminer. C'est se mettre en meilleure conformité avec la volonté de Dieu que de dire : «Que soit faite Sa volonté et non pas la mienne!». Cette façon de s'unir à l'agonie du Christ serait la meilleure manière d'honorer l'amour de Dieu. Si la souffrance était unie à l'acceptation de la volonté de Dieu, elle prendrait une très grande valeur.

Aussi lancinantes que soient certaines souffrances, à les unir à celles du Christ, elles permettent encore la sanctification et la réparation pour les péchés des autres. Je pense à toutes les souffrances qui sont quelquefois inhérentes à l'état de mariage et que l'on refuse, dans l'espérance qu'un jour, peut-être, on pourra se séparer de son partenaire; et pourtant, si elle était supportée, cette souffrance effectuerait de grandes réparations. Des milliers et des milliers de gens pourraient souffrir en pensant aux autres, et ces souffrances offertes ne seraient pas perdues.

Tout cela est complètement oublié dans votre Église catholique d'aujourd'hui. C'est très rare que l'on parle de tout cela en chaire, et c'est un fait universel. L'imitation de Jésus-Christ et le souci du salut du prochain, c'est ça qui est l'important. Le reste est secondaire, et c'est ce qui est contenu dans l'aphorisme : «Aime ton prochain comme toi-même».

Si le Christ revenait parmi nous, il y aurait des milliers et des milliers de gens qui, encore, le considéreraient comme un révolté et comme un fou. Tous ceux qui s'engagent à la suite de Jésus-Christ, on les considère, de nos jours, comme des fous. Au lieu de s'élever vers le haut, on descend vers le bas ; et tant de prêtres ne prêchent plus ces vérités parce qu'elles sont, pour eux-mêmes, un reproche vivant, du fait qu'ils ne les vivent plus. S'ils pratiquaient eux-mêmes la vertu, ils pourraient demander beaucoup plus aux gens. Ce que je ne veux pas moi-même, comment puis-je penser que les autres le veuillent ?

C'est un véritable état tragique que vous vivez actuellement dans l'Église catholique. Cela va depuis les prêtres jusqu'aux Cardinaux de Rome. Si les prêtres vivaient comme le Christ et les Apôtres, ils conduiraient les âmes sur un chemin beaucoup plus éclairé et beaucoup plus sûr. Comme Saint Jean- Baptiste et Jésus l'ont prêché en leur temps, il faut se convertir et faire pénitence.

Tant de prêtres, actuellement, luttent contre l'effort et le bien, parce qu'eux- mêmes sont tournés du côté du mal. Ils sont déjà sur la route large qui conduit à l'abîme. C'est ce qu'il faudrait dire aux prêtres, en face, mais d'une manière qui respecte les voies de la psychologie et qui démontre qu'on ne cherche que leur bien. Il ne s'agit pas de leur dire qu'ils sont mauvais, mais de se servir de la psychologie, pour les amener, d'eux-mêmes, à faire marche arrière.

Il faut s'enquérir auprès d'eux, du moins par la bande, pour savoir s'ils ont cessé de prier ou non, et les amener à comprendre que les choses de Dieu ne s'éclairent que par la prière, de même que le souci du salut des âmes. Quant à ceux qui sont davantage capables de supporter des rebuffades, on pourrait user de celles-ci à leur égard, et, peut-être, grâce à Dieu, les ramener. Les natures sont différentes. Il faut s'adapter à ce qui nous est présenté, ainsi que le faisait le Padre Pio.

Quelques-uns parmi les prêtres sont peut-être victimes de l'ignorance, mais la plupart savent très bien dans quel état de déficience ils sont tombés; leur rappeler leur vocation serait peut-être une occasion de les ramener sur la voie droite et au Seigneur. Tous, en tout cas, dirigeraient beaucoup mieux les âmes dont ils ont à s'occuper, s'ils entraient dans la voie du renoncement. C'est une grande vérité que je préfèrerais taire mais que Ceux d'En-Haut (il montre en haut) m'ordonnent de révéler et de rappeler, bien que je sois en enfer, dans lequel je ne pensais jamais tomber.

Que de souffrances à genoux je subirais, pour la défense de mon troupeau, si je pouvais revenir sur terre! J'accepterais même le martyre pour sauver mon troupeau, et plusieurs fois même. Je l'accepterais volontairement et avec la plus grande dévotion, si c'était la volonté de Ceux d'En-Haut (il montre en haut). Mon premier but serait de réaliser d'abord le premier commandement, et de chercher comment l'honorer et me rendre digne de ce commandement. Je demanderais au Bon Dieu de m'éclairer sur sa volonté sur moi.

Il y a un principe qui dit que, dans le doute, il faut choisir la voie qui coûte le plus. Est-ce que les prêtres et fidèles songent à ce principe ? Ce n'est qu'un proverbe. Dieu ne l'a pas prononcé, mais il est tout à fait adapté à la situation. Des milliers de prêtres sont sur le chemin de la perdition parce qu'ils ont choisi le chemin le plus facile. Oui, ils choisissent la route de la moindre résistance. Cette façon de faire n'est pas celle qui plaît aux yeux de Dieu.

Il faut savoir, suivant l'apôtre Saint Paul, discerner entre des solutions possibles, et choisir la meilleure. Il faudra prier l'Esprit-Saint, comme l'ont déjà dit Béelzéboul, Judas et tous les autres démons, avant moi-même. Chacun doit s'efforcer de reconnaître sa propre vocation, parce que le Seigneur a un plan précis pour chacun. Déjà en grande considération devant le Seigneur, de par sa condition de prêtre, le prêtre devrait aussi se présenter devant les hommes avec une grande autorité. Il doit s'approcher des hommes et se faire estimer d'eux parce qu'il suit vraiment la voie dont il parle lui-même, qui correspond à sa vocation.

Les fidèles ont besoin de voir devant eux quelqu'un qui leur donne l'exemple, et non pas quelqu'un qui les conduise à la perdition, ou du moins qui, en dépit du fait qu'il est prêtre, vit le chemin de la perdition. Il devrait y avoir une grande distance entre un prêtre et un laïque. Le Très-Haut a toujours voulu cela, parce que le prêtre est un trésor de bénédictions. Le prêtre doit faire penser à ce grand-prêtre qu'est Jésus-Christ et, de ce fait, s'attirer la vénération des fidèles. Il doit sans se lasser, rappeler, par sa vie, quelle grande majesté représente la Divinité, et croire que nous avons le devoir de L'adorer et de L'aimer, comme Elle le demande.

C'est une chose qu'il faudrait enseigner dès la tendre enfance. Les enfants, même très jeunes, doivent être conduits dans les Églises, de telle manière que, en passant devant le Tabernacle, on les habitue à s'agenouiller avec la plus grande dévotion; qu'on les aide à adorer le Très Saint-Sacrement en prononçant des prières, comme celle-ci : «Loué, adoré soit le Très Saint-Sacrement de l'autel». Les enfants seraient alors invités, à invoquer les Saints Anges, pour qu'ils les aident à louer la Majesté divine et la grandeur de la Très Sainte Trinité, dans le plus haut des Cieux.

Que représente une Église qui n'est plus capable d'élever les cœurs vers la Très Sainte Trinité ? Que représente une Église qui ne présente plus Dieu tout à fait au-dessus des hommes, qui ne montre plus la sublimité de la Très Sainte Trinité, qui ne rappelle plus qu'il est absolument nécessaire de plaire au Tout- Puissant dans les cieux ? Si les prêtres ne le font plus, au moins les parents devraient-ils le faire à l'égard de leurs enfants. On ne doit jamais cesser de faire savoir qu'il faut adorer Dieu, même si, autour de soi, l'état des âmes est bien mauvais et bien pénible.

Dans la souffrance acceptée, il faudrait savoir remercier Dieu du triomphe qu'il saura tirer de cette difficulté pour nous. C'est à genoux qu'on devrait remercier le Seigneur des souffrances qu'il nous envoie pour nous améliorer et nous conduire sur le chemin de la vertu. Ceux qui fuient les difficultés et les souffrances sont condamnés à perdre la vertu. Il y a toujours eu dans les siècles passés, des prêtres qui ont été à la hauteur de leur vocation. Mais, de nos jours aussi, il y en a qui vivent ces mêmes conditions, des conditions très humbles ; parce qu'ils portent la paix du Seigneur dans leur cœur, ils surpassent tout sur la terre.

«Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il vient à perdre son âme?» Je dois dire, moi, Verdi-Garandieu, qu'à ce sujet, notre époque est très mal éclairée. C'est à une époque où il n'y a aucun amour pour le prochain, que l'Église s'est mise à prêcher l'amour pour le prochain, exclusivement. Le vrai amour du prochain commence par le souci de son âme, et non par le souci de son corps. N'est-il pas mieux que les hommes périssent par la peste et la guerre et toutes sortes de souffrances, et qu'en sauvant leurs âmes, ils acquièrent la gloire de Dieu ?

En outre, les hommes qui vivent dans le luxe et les plaisirs terrestres sont en grand danger de perdre leurs âmes. La charité à la mode maçonnique sent le pourri. C'est la perdition de tant d'âmes, parce que ce n'est pas l'amour du prochain en vérité, mais de l'hypocrisie. S'ils savaient (les prêtres), dans quelle perdition ils font sombrer leurs fidèles, ils s'éloigneraient de ce langage et parleraient tout à fait différemment.

C'est évident qu'il faut aider les autres matériellement, surtout s'ils souffrent beaucoup de misère, mais ce n'est pas l'affaire principale. Le principal, c'est que l'on reste fidèle à la doctrine qu'on doit défendre et qu'on ne vende pas son âme. Pratiquer l'amour du prochain, c'est amener le prochain sur la voie droite.

Hélas ! des milliers de prêtres, dirigés par leurs Evêques et Cardinaux, ont imposé à l'Église cette façon de vivre la charité; ce faisant, ils ont aplati cette vertu d'une manière qui n'est pas du tout celle dont Dieu a décidé qu'elle serait.

C'est parce que le vrai amour du prochain ne se présente jamais sans le souci de l'âme du prochain, que le faire souffrir, en lui disant, en lui montrant la vérité, c'est aussi pratiquer l'amour du prochain. Plus tard, il reconnaîtra que c'était, en effet, la vraie médecine.

Le prêtre, du haut de la chaire, devrait user, dans son langage, du bâton et de mots très résolus, parce que la justice existe dans l'éternité; et parce que l'enfer existe, dont ils ne parlent jamais plus, puisqu'ils n'y croient plus. Ils ne croient plus même au Ciel, dans sa suprême réalité. S'ils y croyaient, ils ne conduiraient pas dans l'erreur des milliers de gens, qu'ils devraient conduire vers le Ciel.

A quel genre de prêtres avons-nous affaire aujourd'hui ? Moi-même, je n'ai pas parlé jadis aussi platement qu'ils parlent aujourd'hui. Ils courent à la perdition et leur place dans l'enfer est déjà préparée (le démon crie cette dernière réflexion).

Mais ce que je dis là, je le dis dans la même mesure pour les Cardinaux, les Evêques, les prêtres, les laïques. S'ils connaissaient, tous ces gens-là, la situation chaotique dans laquelle ils sont engagés, ils diraient mille fois mea culpa, mille et mille fois. Ils se prendraient par le collet eux-mêmes et s’arracheraient ces vers qui sont en train de ronger leurs âmes. Ils ne cesseraient pas de les arracher, ces vers, pour les empêcher de se répandre partout. C'est avec des pinces de feu qu'ils détruiraient tous ces parasites qui opèrent tant de destructions dans les âmes. Ils pratiqueraient d'abord la première partie du commandement d'amour, et ensuite, l'amour dû au prochain.

Le vrai amour ne se manifeste pas seulement par des dons, parce que, même avec ces dons, on peut maintenir le prochain sur la route de l'enfer. Voilà ce que j'ai été obligé de dire et ce qui explique que je refusais, pendant si longtemps, de dire mon nom. Mais Ceux d'En-Haut (il montre en haut) m'ont obligé à parler parce que j'ai vécu ce destin moi-même ; parce que, moi-même, je n'ai pas exercé mon sacerdoce comme il le fallait.

Les accrocs au sixième commandement, je dois le dire, ainsi que le luxe, sont devenus les moyens de perdition de beaucoup de prêtres. S'ils reconnaissaient cette tragédie immense, ils se sacrifieraient jusqu'à la dernière goutte de leur sang. Ils auraient une immense douleur de tout ce qui s'est produit et recommenceraient tout à zéro. Ils appelleraient à leurs secours tous les Saints et les Anges, afin qu'ils les aident à retrouver le vrai chemin, parce que, dans l'éternité de l'enfer, le feu est continu, et le ver vous ronge l'âme pour toujours. Cette douleur immense, cette tragédie horrible de l'enfer, dure pour l'éternité et, moi, Garandieu, je suis obligé de dire cela.